[Test] Dordogne - Doux souvenirs de vacance chez mamie

Umanimation / Un Je Ne Sais Quoi / Focus Entertainment - PlayStation 4 / PlayStation 5 / Xbox One / Xbox Series / PC - 3,9 Go - En français - Durée de vie minimale : 4h

 

Étant Périgourdin, l’annonce d’un jeu appelé Dordogne ne pouvait pas me laisser indifférent et a éveillé ma curiosité lorsque les premières bribes d'infos et images à son propos ont été dévoilées dans des journaux locaux, indiemag et la chaîne Seldell. Outre le fait qu'il s'agit d'un jeu indépendant, dont je suis friand, la direction artistique à base d’aquarelle finissait de me convaincre que ce projet devait faire découvrir la plus belle région de France au monde entier (oui, le périgourdin est chauvin).

Bienvenue sur le lieu de vos vacances.

 

Dordogne : en vacance à Sarlat

Seul véritable intérêt de ce jeu (est-ce vraiment un jeu ?), le scénario vous met dans la peau de Mimi, jeune adulte qui va retourner dans la maison de sa grand-mère fraîchement décédée, contre l’avis de son père.

On va se replonger dans le passé pour reconstituer nos dernières vacances chez elle dont les souvenirs semblent s’être estompés. Au cours d'aller-retours entre passé et présent, Mimi va donc trouver des objets qui feront remonter des bribes de souvenirs et notamment le conflit entre sa grand-mère et son propre père.

Toute l'histoire se déroule à Sarlat, n’espérez pas pour autant visiter la Dordogne, on en déduit que le nom du jeu ne vient pas du département, mais de la rivière du même nom. Première petite déception pour moi, et ça ne s’arrête pas là, car la maison sera le lieu où l’on passe 50% du jeu. On ira bien au marché, on fera quelques mètres en kayak sur la rivière pour pique niquer ou encore on visitera une grotte, mais c’est tout.

C’est relativement peu et le jeu arrive presque à provoquer une lassitude dans les deux premières heures à force de nous faire chercher exactement aux mêmes endroits. Ayant fini le jeu en 4 h 40, j’ai dû faire une pause pour reprendre le lendemain où j’ai pu découvrir une deuxième partie plus fluide, une narration plus prenante et une fin qui a même réussi à faire mouiller mes petits yeux (saleté d’oignons !).

Bienvenue au marché de Sarlat, où mamie va vous laisser faire les courses comme une grande.

 

 

La direction artistique peut elle tout excuser ?

En termes de gameplay, Dordogne a voulu reprendre des mécaniques de jeu à la David Cage (Heavy Rain, Detroit Become Humain) mais c’est hélas totalement raté. Tout est lourd, ne répond pas forcément bien, les transitions entre les animations inexistantes n’arrangent pas les choses et le simple fait de se déplacer peut devenir désagréable.

La majorité du jeu consiste à ramasser des objets. Malheureusement, même ce simple geste va parfois être une plaie et même s'ils apparaissent dans le décor, vous ne pourrez le faire qu’à certains moments bien précis. Bêtement frustrant et dirigiste comme un vieux point and click des années 90 ! Lors des cinématiques, l’animation est pourtant parfaitement maîtrisée.

Régulièrement on reçoit des sms de nos proches, nos réponses n’ont aucune répercussion mais ce téléphone vous permet aussi de savoir quoi faire si vous restez bloqué.

 

Je cherche encore l'intérêt de cette séquence qui vous demande faire rentrer les lucioles dans la bouteille en dirigeant vos mains.

 

Petit à petit l’histoire avance, on trouve quelques lettres, des enregistrements sur des cassettes audio, des mots en rapport avec la situation que l’on vit, des sons. Tout ça pour réaliser un collage à la fin de quasiment tous les chapitres dans un classeur donné par notre grand-mère. S'il sert de lien entre présent et passé, il n’est finalement pas vraiment exploité.

N’espérez pas non plus influer sur l’histoire.

Les lettres, ces vestiges du passé, indispensable à l'avancée de notre quête de souvenir.

 

Le deuil de l’amusement fait, il reste une direction artistique fabuleuse qui laisse un goût de trop peu tant le nombre de lieux visités est faible, une OST qui est capable d’appuyer des moments forts de façon magistrale, mais qui nous laisse indifférents la majorité du temps. Le jeu profite de doublage français d’excellente qualité, mais partiel (encore une fois cette impression que le jeu fait les choses à moitié). Plus étonnant encore, le jeu propose une traduction en occitan, notre patois local, qui bénéficie lui aussi d’un doublage fait avec soin.

Le Coulobre, dragon de la Dordogne, fait également partie de l’aventure et a le bon goût de mettre en avant un mythe local.

Pour vous plonger complètement dans l’univers, pourquoi ne pas tenter de jouer en occitan ?

Les enregistrements audio sont tous doublés et vu la qualité, on aurait souhaité que tout le jeu en bénéficie.

 

 

Conclusiogne

Il est compliqué de classer Dordogne. Pas vraiment un jeu, tant les séquences de gameplay sont lourdes et sans intérêt. Comme l’impression qu’il a fallu ajouter du gameplay là où c’était inutile pour allonger artificiellement la durée de vie. Pas une expérience non plus, car il ne propose rien de nouveau…

C’est simplement une histoire qui a maladroitement été présentée comme un jeu. Il touchera certainement ceux qui iront au bout de l’aventure, en faisant remonter des souvenirs de vacances, des moments partagés avec vos grands-parents. Peut-être m’a-t-il touché tout simplement car ma grand-mère est justement partie quelques jours avant de me lancer dans ce jeu.

Il y a autant de raisons d’aimer que de détester Dordogne, mais si vous disposez du GamePass, je conseille à tous de tenter l’aventure. Je reste beaucoup plus mesuré quant à en conseiller l’achat…

Le jeu ayant bénéficié du financement du CNC, il a aussi été pensé dès le départ comme un transmédia, le studio Un Je Ne Sais Quoi étant plutôt habitué à réaliser des films d’animations, on peut dire que le passage au jeu vidéo s’est fait dans la douleur et on leur souhaite plus de réussite dans leur domaine de prédilection, car un long métrage est à venir.

Les plus curieux peuvent jeter un œil sur le site officiel

Même le petit tour en Kayak sur la Dordogne n’est pas agréable, dommage, c’est pourtant magnifique.

Les mots ramassés serviront à écrire des poèmes dans notre classeur.

 

Verdict :

 

Fiche technique :

• Genres : Point and click, jeu narratif
• Développeur : Umanimation, Un Je Ne Sais Quoi
• Editeur : Focus Intertainment
• Français : doublage en français et occitan
• Plateformes : PC, Xbox One, Xbox serie X/S, PS4, PS5
• Testé sur : Xbox OneX (Gamepass)
• Prix : 14€99 (PC), 19€99 (consoles)
• Version : 1.1.0.0
• Taille : 3,9 Go
• Date de sortie : 13 juin 2023
• Magasins : Steam, Xbox, PS4, PS5, Switch (éditions numériques uniquement)
• Remarques : A bénéficié du soutien financier du CNC.