[Test] Balatro - Bien plus que du Poker

LocalThunk / Playstack - PlayStation 4 et 5 / Xbox One et Series / Nintendo Switch / PC / MacOS / Linux / Steamdeck - Textes et interface en français - Durée de vie minimale : 10h

Celui-là, je ne l’avais pas vu venir. Si vous lisez mes tests sur Chromabox, vous devez savoir que le genre deck building, c’est ma came. Même si la mode s’est un peu essoufflée avec un bilan plus ou moins bon, je gardais un oeil sur les sorties à plus ou moins long terme.
Et depuis février de cette année, une petite musique s’est installée. On parle de Balatro de ci et de là, de façon plus ou moins appuyée, et moi, pauvre fou que je suis, j’ai choisi de l’ignorer. Un jeu de deck building basé sur les règles du poker ? Pas pour moi.
Mais à force d’en entendre parler, cette petite musique s’est insinuée dans mon cerveau, et j’ai fini par craquer. Une drogue dure.

Poker Menteur

Ce qui est génial avec les jeux surprise, c’est qu’on en attend rien, si ce n’est, peut-être la promesse d’y passer de nombreuses heures. 15€, c’est la petite folie que je me permet en cette période économique difficile. Le prix d’un mcdo avec dessert. Avec néanmoins un bilan calorique équivalent, tant ce jeu m’a absorbé, vissé sur ma chaise en si peu de temps !

Alors Balatro, c’est quoi ce jeu ? L’essentiel repose sur les règles de marquage de points du poker. Vous piochez des cartes, et vous devez effectuer des combinaisons qui vous permettent de marquer des points : des suites, des brelans, des carrés, des paires, LA quinte flush etc.

Chaque partie (blinde) vous donne un nombre limité de mains à jouer pour atteindre un seuil de points à marquer pour valider la blinde. Et évidemment, chaque combinaison de cartes va vous permettre de marquer un certain nombre de points. Vu comme ça, c’est ennuyeux.

Je sais ce que vous allez dire, des cartes à jouer, c’est pas fou.

Poker Face

Avant d’en venir aux règles qui viennent ébranler tous vos à prioris, je vais vous raconter une anecdote. Gamin, j’ai souvent été confronté à des mondes et des jeux liés à l’imaginaire. J’ai vécu des parties de jeu de rôle endiablées, j’ai eu la chance d’avoir une petite bibliothèque de livres dont vous êtes le héros, et mes livres de références étaient Bilbo le Hobbit, Le Seigneur des anneaux ou le Cycle d’Elric le Melnibonéen. Les jeux plus traditionnels, comme les dames, le tarot, les échecs, ne me passionnaient pas vraiment : trop mornes, trop lents, pas imprévisibles, sans compter sur l’imaginaire, non exploité. Il me fallait du fond, du fantastique, un peu plus de folie et de liberté dans mes activités ludiques. (Je tiens à préciser que je ne méprise pas les gens qui y jouent, c’est juste que ce n’est pas pour moi).

Un jour, je devais avoir 12 ou 13 ans, un ami m’invite à passer l’après-midi chez lui. Il me propose de jouer aux échecs. L’ennui total en perspective. Sauf qu’il avait quelque chose en tête le bougre. Un petit paquet de cartes à jouer sur lequel était écrit : “Tempête sur l'échiquier”. Un paquet de cartes ajoutant des règles fabuleuses au jeu d’échecs : Piéger des cases, transformer des pièces, ajouter et changer des règles ou des pouvoirs, renverser une partie en 2 secondes. Bref, ce petit grain de folie qui manquait, pour moi à ce jeu qui m’a toujours repoussé.

25 ans plus tard, je me souviens encore de ce jeu et du plaisir qu’il m’a procuré. Il a même éclipsé, un temps, mon envie de me poser, ce jour là, devant une TV, manette en main.

Et bien Balatro est au Poker ce que Tempête sur l’échiquier est au échecs.

De la suite dans les idées

Balatro repose donc sur un ensemble de cartes et d’éléments qui viennent bousculer les règles de base du poker. Chaque carte possède une valeur en points. Un 2 vaut 2 points, un 5 vaut 5 points, une dame 12 etc. Effectuer un carré (par exemple 2 dames et 2 valets) va logiquement vous rapporter 46 points.

Dans une partie typique, vous aurez donc un seuil de points à atteindre (par exemple, la première va vous demander de marquer 350 points), dans un nombre limité de mains (de tentatives).

Entre en compte donc les valeurs des mains (un carré vaut 60 points). Ainsi, cette main va vous rapporter 106 points. Mais ce n’est pas tout, car une autre règle vient s’ajouter : le multiplicateur. Le carré rapporte donc, en plus de ses 60 points un multiplicateur x7. Donc, il vous faudra multiplier 106 par 7 pour obtenir la valeur finale de la main que vous allez jouer. Pour des raisons évidentes de flemme, je vous laisse effectuer le calcul final.

Le décompte des points se fait en fin de blinde. Divers bonus peuvent être ajoutés, par exemple, vous gagnerez 1$ supplémentaire par mains restantes.

Si dans les premières parties que vous allez faire, il est assez facile de progresser, quand en 3 coups, il vous faudra réaliser des scores de 10000 points ou plus, vous ferez moins les malins.

Blindez-vous

C’est ici qu’entrent en jeu les jokers, les tarots, les planètes, les coupons et les cartes spéciales.

Dans Balatro, chaque blinde remportée va vous permettre de gagner des dollars, qui vous permettront, entre deux parties d’acheter des upgrades pour votre jeu de cartes.

Les Jokers sont probablement les stars incontestées de Balatro. Il s’agit de cartes - il y en a 150 en tout - qui viennent bousculer drastiquement les règles du jeu. Par exemple, le Joker de base, quand vous le possédez, rajoute un multiplicateur de x4 à chaque fois que vous jouez une main. Le Joker Avide, lui ajoute 50 points à votre score de main si cette dernière contient une paire. Le joker Quatre Doigts permet d’effectuer des Suites et des Couleurs avec 4 cartes au lieu de 5. D’autres ont des effets plus globaux, comme le fait, par exemple de pouvoir posséder un droit de découvert de 20$ sur vos finances, de créer des cartes Tarot si vous remplissez certaines conditions, ou de gagner 4$ par manche remportée.

Malheureusement pour vous, les Jokers sont limités à 5 par deck, même si certaines règles vous permettent d’en ajouter quelques uns de plus au jeu.

Au delà des Jokers, d’autres cartes peuvent enrichir votre deck : Les tarots vous permettent généralement d’améliorer votre deck en modifiant des cartes (changement de couleur, augmentation de leur valeur en points, ajout d’un multiplicateur etc.), les planètes vous permettent d’augmenter de façon “permanente” (sur la partie en cours) la valeur des mains que vous jouez, les coupons, très chers, vous permettent de gagner un bonus majeur permanent (par exemple ajouter un nombre de mains à jouer par partie, posséder un joker en plus, baisser le prix du magasin de 25% etc.).

Comble de la satisfaction, vous pouvez même, plutôt que d’acheter ces éléments à l’unité, les acheter via des “boosters”, qui vous demanderont de choisir une carte parmi 3, 4 ou 5 tirées aléatoirement.

Le shop va vous permettre d’améliorer votre deck, via l’achat de Jokers, de coupons ou de boosters. Un moment primordial.

C’est donc en prenant tous ces éléments en compte que l’aspect Deckbuilding entre en jeu. Et Balatro est savoureux sur cet aspect. Le jeu est construit avec une intelligence tout particulière et vous aurez le loisir de construire votre partie sur une thématique très particulière. Jouer sur le nombre de jetons à gagner par main, booster les multiplicateurs, sur des pioches et des défausses importantes, sur des gains de dollars importants etc.

Et j’ai à peine survolé le nombre de possibilités que vous aurez lorsque vous construirez votre deck. Les combinaisons et thématiques sont presque infinies.

Petite précision importante : on parle de cartes, de hasard, de rareté de cartes, de boosters : Balatro ne possède pas de micro transactions. Tout se débloque à l’ancienne, et en ce sens, Balatro me fait vraiment beaucoup penser à Vampire Survivor tant il y a de choses à découvrir, à la sueur de son front.

Jouer serré

Le dernier paramètre à prendre en compte, concerne évidemment l’aspect Rogue Like de Balatro.

Imaginez que vous gravissez une tour, chaque étage contient 3 défis à remporter, et chaque étage voit sa difficulté se renforcer. Le premier défi vous demande de scorer 300 points, la seconde 450, le boss 600. Une fois battu, vous passez à l’étage suivant, il vous faudra marquer 900 points et ainsi de suite.

Deux particularités à noter à chaque étage, il est possible de passer un défi, vous obtiendrez un bonus plus ou moins intéressant, la contrepartie sera que vous n’aurez pas accès au magasin, ni aux gains monétaires de la partie passée. La seconde particularité concerne les boss, qui proposent un combat avec une règle spéciale, qui représente souvent un gros handicap à votre réussite : par exemple, la première main se joue face cachée, les cartes d’une couleur spécifique ne marquent pas de points, ou encore par exemple, l’impossibilité d’utiliser plusieurs fois la même main au cours de la blinde.

Évidemment, lorsque vous obtenez un game over, il vous faudra tout recommencer à zéro. Vous perdrez, dans ces circonstances, tout ce que vous avez pu remporter sur votre partie. Il n’y a rien qui sera transmis d’une partie à une autre. Rien. Enfin, il y a tout de même les Jokers. En réalisant certaines actions dans le jeu (acheter tant de cartes, jouer tant de mains etc.) vous débloquerez des Jokers que vous aurez la possibilité de croiser dans vos prochaines parties.

L’écran “collection” vous permet de consulter les éléments que vous avez débloqué sur toutes vos parties. Voyez la quantité de choses à débloquer !

Enfin et pour en finir avec le gameplay, le jeu possède un nombre infini de parties potentielles, puisque chaque partie est générée via un seed, qui déterminera quelles cartes seront dans le magasin, les effets des blindes que vous allez passer etc. Pratique pour partager un seed sympa à vos amis et proposer des défis à ces derniers.

C’est du beau jeu

La première fois que j’ai lancé le jeu, je me suis fait une réflexion. Je l’ai ancrée dans ma tête, tant je souhaitais la partager avec vous sur Chromabox. Si vous deviez vous représenter Balatro par sa direction artistique, son ambiance, sa musique, son graphisme et tous ses feedbacks visuels, je vous dirais la chose suivante :

“Balatro, c’est le “mini jeu” de cartes qui aurait pu être intégré dans Hotline Miami”.

La musique distordue, les éléments qui tremblent, les animations sous LSD, les sons malsains. Tout ça est tout à fait singulier. Vous voulez que je vous dise quoi de plus ? Balatro est parfait dans sa représentation.

La seule petite ombre au tableau concerne sa traduction française, qui, dans le cas de certaines cartes ne décrit pas totalement ou correctement les effets de ces dernières. Cela concerne peut-être 3 ou 4 cartes (en tout cas, c’est ce que j’ai pu rencontrer en une douzaine d’heures de jeu jusqu’ici), mais il y a deux bonnes nouvelles :

• Déjà, il existe un patch FR amateur qui corrige ces imprécisions,
• Le développeur semble à l’écoute de sa communauté et a déjà fait beaucoup de pas dans la bonne direction.

La page des Jokers débloqués, tous ont des designs franchement réussis. Le travail de pixel art est incroyable.

C’est pas du bluff

Mai 2024, Balatro est déjà mon jeu de l’année. Je ne sais pas si un autre jeu viendra le remplacer, il me reste encore 7 mois pour en découvrir d’autres !

Tout dans Balatro me fait du pied. Les règles, la construction de deck absolument géniale, les défis, la collection, la satisfaction visuelle et auditive.

J’ai même envie de dire que si vous n’êtes pas fan du genre Deckbuilding ou Rogue Like, vous devriez foncer. Pour le prix d’un mcdo et la promesse d’autant de calories dans votre corps, ce serait dommage de passer à côté. Vraiment, foncez.

Verdict :

Fiche technique :

• Genres : Rogue Like Deck Building
• Développeur : LocalThunk
• Editeur : Playstack
• Langues : Français, Anglais, etc.
• Plateformes : PC, Nintendo Switch, Xbox, Playstation
• Testé sur : PC
• Prix : 13,99 €
• Taille : 60 Mo
• Date de sortie : 20 février 2024

Acheter sur Steam

Acheter sur PlayStation

Acheter sur Switch

Acheter sur Xbox