Développé par les Indonésiens de Mojiken Studio et Toge Productions et disponible sur Steam et consoles, When the Past was Around est un savant mélange de point’n’click et d’escape game aux graphismes 2D « dessinés » et au message poétique assumé. Présenté comme un jeu « sur l’amour, la perte, le fait de passer à autre chose et le lâcher prise, mais aussi sur la joie et la douleur de tout ce qui se trouve entre les deux », c’est surtout une magnifique aventure à vivre dont on ne ressort pas tout à fait indemne.
Fiche technique :
- Genre : Casse-tête / Aventure / Point’n’click
- Développeur : Mojiken Studio / Toge Productions
- Editeur : Chorus Worldwide Games
- Langues : Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Coréen, Portugais, Russe, Chinois
- Plateformes : Switch, PS4, Xbox One, Steam
- Testé sur : Switch (2018)
- Prix : 8,49 €
- Version : 1.0.2s
- Taille : 1,8 Go
- Date de sortie : 16 décembre 2020
- Disponibilité : Dématérialisé, démo gratuite disponible sur Switch
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Préparez-vous à suivre la jeune Eda dans une aventure sensorielle jonchée de douceur et de douleur, tels les deux côtés d’une même plume...
Un jeu qui fait du bien
Il ne m’a pas fallu en voir beaucoup pour comprendre que j’allais aimer ce que When the Past was Around avait à m’offrir. Mon premier contact avec ce jeu remonte au 26 mai dernier, lorsqu’il a été révélé dans le « Wholesome Direct » : un événement, organisé par la chaîne YouTube Wholesome Games, qui devait présenter en une grosse demi-heure une cinquantaine de jeux indépendants sur différentes plateformes mais surtout « mignons » et « feel good ». Et c’est ainsi qu’au milieu d’autres pépites indé, comme Spiritfarer, Hoa ou Ooblets, j’ai découvert le jeu des deux studios indonésiens Mojiken et Toge Productions, édité par Chorus Worldwide Games.
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Des tableaux beaux comme celui-ci, When the Past was Around en compte de nombreux...
Même si j’avais coché ce titre dans un coin de ma tête et sur un bout de papier, il a fallu un moment avant que le jeu ne refasse parler de lui. Sorti initialement sur Steam en septembre dernier, When the Past was Around n’a été que tardivement annoncé sur consoles et notamment sur Switch, via l’Indie World du 15 décembre dernier plus précisément. Outre la date de sortie (entre le jour-même et le surlendemain selon les consoles), la vidéo de Nintendo a permis d’en (sa)voir un peu plus sur le jeu. Un jeu beau, délicat et qui allait définitivement (me) faire du bien.
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Comment ne serait-ce qu’hésiter à prolonger, ou se lancer dans l’aventure ?
L’amour à voir
Ce qui frappe en premier dans When the Past was Around est son infinie beauté. Avant d’être un point’n’click ou un jeu d’aventure et d’escape game, il s’agit en effet d’un enchaînement de tableaux plus beaux les uns que les autres, dessinés à la main par Brigitta Rena. Déjà derrière deux autres pépites des studios Mojiken et Toge Productions - A Raven Monologue et She and the Light Bearer - l’artiste indonésienne insuffle à cette œuvre vidéoludique une véritable âme. Alors que le titre n’use ni de dialogue ni même de mot, il nous parle à travers ses magnifiques dessins qui forment autant de pièces qu’il nous incombe d’imbriquer pour reconstituer le puzzle qu’est son histoire.
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Pas besoin de mot quand de tels dessins nous laissent sans voix...
Cette histoire est celle d’Eda, une jeune femme d’une vingtaine d’années qui, nous apprend le site officiel du jeu, est, comme n’importe qui de son âge, perdue : perdue dans son voyage pour réaliser ses rêves, perdue dans celui pour trouver l’amour. C’est alors qu’intervient un mystérieux personnage, masculin (semble-t-il) mais pas vraiment homme pour autant : le Hibou. Ce dernier sera celui qui lui apprendra la passion, l’étincelle d’une relation… Mais aussi le chagrin.
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Au cœur du jeu, il y a l’histoire d’amour entre Eda et le Hibou.
Des clics et des claques
Tout cela, le jeu ne nous le dit donc pas avec des mots, mais à travers les énigmes qui composent ses tableaux successifs. Dans ses mécaniques, When the Past was Around est en effet un point’n’click qui demande au joueur d’interagir avec les différents éléments du décor où évolue Eda et son compagnon à plumes. Sur Switch, cette interaction est d’ailleurs possible directement via l’écran tactile de la console, ce qui est un réel avantage apportant un vrai confort de jeu.
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Qui dit point’n’click, dit règles simples : on observe les indices (ici des symboles auxquels sont reliés des chiffres)...
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Puis on utilise ces indices pour résoudre un énigme (ici l’enchaînement de notes de musique en suivant les symboles précédemment observés).
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Et enfin, avec la solution, on trouve un nouvel objet permettant de progresser dans l’aventure.
Sans dévoiler l’histoire que vit Eda - pour ne rien gâcher à votre expérience qui aura déjà l’inconvénient d’être très courte (comptez deux heures pour terminer le jeu) -, sachez que les niveaux qui s’enchaînent sont autant de pièces dans lesquelles notre héroïne devra résoudre plusieurs petits casse-têtes pour espérer passer à la suivante. Ces énigmes, jamais insurmontables mais rarement compliquées, demanderont tantôt de bien fouiller les moindres recoins pour découvrir des objets permettant de compléter des petits puzzles ou accéder à d’autres pièces ou boîtes (cachant à leur tour d’autres objets et énigmes), tantôt de faire travailler vos méninges pour trouver les bonnes suites de symboles, les bonnes combinaisons…
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Je sais pas ce que vous en pensez, mais je me dis que ces chiffres n'apparaissent pas ici par hasard...
Quoiqu’il arrive, tableau après tableau il faudra ouvrir l'œil - pour ne pas rester bloqué et surtout pour admirer les magnifiques scènes offertes par le jeu, qui sont autant de claques prises en pleine figure - et l’oreille. Car When the Past was Around possède également une sublime bande-son.
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Beauté du dessin et de la musique en une image...
Au son du violon
Outre sa direction artistique sublime et son gameplay de point’n’click/jeu de réflexion, l’autre élément clé de la narration de When the Past was Around est en effet sa musique. Et c’est bien normal, puisque le protagoniste du Hibou est violoniste. Ainsi, les notes qu’il joue pour Eda, tout au long de l’aventure, présentent une réelle importance au-delà du concept même de bande originale. Une bande originale qui, du reste, est évidemment exquise, composée par Masdito « ittou » Bachtiar et par K Yayan Permana pour la partie violon.
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Il arrive que des notes apparaissent dans des bulles qu’il vous faudra faire éclater, intégrant toujours plus la musique à l’histoire vécue par Eda et le Hibou.
Pour commencer, ces accords de musique qui enivrent nos oreilles sont également matérialisés à l’écran au-dessus du Hibou et de son instrument. Ce sont ces notes qui guident Eda lorsqu’elle semble avoir perdu la trace de son ami/amant. Elles ont également leur utilité dans la résolution d’une ou plusieurs énigme(s). Enfin, elles s’intègrent aussi dans le gameplay du jeu, sous la forme de bulles refermant lesdites notes et qu’il faudra « éclater » pour faire avancer l’intrigue. Libre au joueur de presser son doigt en rythme, habité qu’il serait (ou pas) par l’OST du jeu. Si nous sommes loin d’un jeu musical (tel l’excellent Kingdom Hearts Melody of Memory, pour citer un jeu testé récemment sur ces pages), la partie sonore de When the Past was Around participe grandement à l’émerveillement provoqué par le jeu.
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Devant ce jeu, vous aurez souvent le cœur léger comme l’air… Comme un air de musique.
Court mais intense
Comme vous paraîtra peut-être ce test - sans vouloir comparer ce qui ne peut l’être - When the Past was Around est une expérience courte. Vrai parti pris esthétique et sensoriel, le jeu de Mojiken Studio et Toge Production est une proposition artistique autour de l’amour, du couple, des sentiments et de la fin de tous ceux-ci. Avec le choix d’une durée de vie minimale, le jeu ne perd jamais le joueur en chemin : il l’invite dans la vie d’Eda, dans ses souvenirs, dans ses joies comme dans sa peine, en usant de petites énigmes douces et jamais prises de tête, à l’image de son écrin.
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Le jeu nous invite à tourner avec Eda la boîte à musique de son amour passé, de ses souvenirs. Une expérience unique et émouvante.
Si le joueur accepte ce voyage aux côtés de cette jeune femme et de « son » Hibou, unis par l’amour et la musique ; s’il est réceptif au message délivré par les développeurs ; s’il est sensible à la candeur de sa direction artistique, elle aussi quelque peu minimaliste mais toujours juste et cohérente avec l’univers, les personnages et l’histoire qu’elle sert ; s’il savoure de la même oreille attentive et amoureuse qu’Eda les notes chaleureuses de sa partition, alors When the Past was Around ne sera plus une expérience courte, elle sera intense. Et surtout mémorable.
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Jusqu’au bout, When the Past was Around est magnifique, universel et bouleversant.
Conclusion
When the Past was Around est de ces titres que j’aime naïvement qualifier de « grand petit jeu », sans évidemment y voir le moindre aspect péjoratif ou sans vouloir négliger d’aucune manière que ce soit le travail de leurs auteurs. Grand, la création de Mojiken Studio et Toge Productions et nouvelle œuvre vidéoludique dessinée par Brigitta Rena l’est assurément : par sa beauté, autant graphique que sonore, par sa sensibilité, par les émotions véhiculées tout au long de sa narration et par ses mécaniques de point’n’click qui restent, même si elles ne sont pas nombreuses, de vraies mécaniques de jeu, engageantes et divertissantes. Petit, finalement, When the Past was Around ne l’est peut-être que par sa durée de vie et, certainement, par son budget de création indépendante. Peu importe, le plaisir qu’on a en vivant cette expérience est lui d’une infinie grandeur. Et c’est bien tout ce qui compte.
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La porte est ouverte, le jeu n’attend plus que vous...
Verdict :
- La direction artistique magnifique, dessinée par Brigitta Rena
- La bande sonore
- Une histoire touchante, tantôt joyeuse, tantôt triste, à l’image de la vie
- Une narration qui touche en plein cœur sans aucun mot
- Des puzzles, des énigmes, des casse-têtes réussis
- 100% tactile sur Switch
- Très court (deux heures environ)
Que l’aventure dure un peu plus longtemps, tant elle fut plaisante...
Dans un style (totalement) différent, mais point’n’click dessinés quand même : les deux épisodes des Aventures de Bertram Fiddle, puis la saga des Deponia, mais aussi Machinarium, Rain City...
Graphismes : Dessinés à la main par Brigitta Rena, les différents tableaux, décors, objets et personnages sont magnifiques. |
10/10 |
Musique et sons : La bande son accompagne efficacement l’histoire, tantôt discrète et en retrait tantôt partie prenante de l’aventure d’Eda et du Hibou. Une vraie réussite. |
9/10 |
Gameplay : Entièrement tactile sur l’écran de la Switch (vraiment agréable), sinon en déplaçant un curseur sur les différents objets à ramasser/activer pour résoudre les énigmes successives. Classique mais efficace. |
8/10 |
Scénario et histoire : Une vraie belle expérience sur l’amour, la passion, sur les bons et les moins bons moments d’une vie de couple. Aucun dialogue mais une émotion pourtant transmise avec douceur et pudeur. Touchant. |
9/10 |
Durée de vie : Très courte, environ deux heures. Mais deux très belles heures. |
6/10 |
Rapport qualité / prix : Pour moins de 9€ et malgré sa courte durée de vie, il est excellent pour peu que vous aimiez ce genre de proposition créative. |
9/10 |
Coup de coeur : Totalement charmé par cette aventure belle et émouvante, j’ai adoré me creuser (un peu) la tête sur ses énigmes et découvrir la destinée d’Eda et de son Hibou. Encore marqué par cette expérience, j’ai été touché en plein cœur. |
10/10 |
Total : |
8.7/10 |
Nous remercions Mojiken Studio, Toge Productions et Chorus Worldwide qui nous ont fourni une copie de review du jeu
Merci pour votre lecture ! 
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