[Test] 13 Sentinels: Aegis Rim sur Switch, le VN/tactical goût Vanillaware à emporter partout

Sorti sur PS4 fin 2019 au Japon et un an plus tard en occident, 13 Sentinels: Aegis Rim débarque le 12 avril 2022 sur Nintendo Switch. Développé par Vanillaware, studio nippon notamment (re)connu pour ses animations 2D sublimes (Odin Sphere, Muramasa, Dragon’s Crown, etc.), le jeu alterne aventure type visual novel aux graphismes épatants et phases de tactical/stratégie au design minimaliste, le tout dans une ambiance SF de fin du monde invoquant de nombreuses références de la littérature et du cinéma. Question : que vaut le portage Switch de cette pépite acclamée par la critique et les joueurs ? Voyons-le ensemble…

 

Fiche technique :

• Genre : Visual Novel / Tactical / Aventure
• Développeur : Vanillaware (Atlus)
• Editeur : SEGA
• Langues : Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien
• Plateformes : Switch, PS4
• Testé sur : Switch (2018)
• Prix : 59,99 €
• Version : 1.10
• Taille : 4,4 Go
• Date de sortie : 12 avril 2022
• Disponibilité : Physique et Dématérialisé

 

Que l’aventure commence !

 

Vanillaware… of the Worlds

Tombé amoureux du style graphique mais également de l’action frénétique proposés par les productions Vanillaware (en particulier Dragon’s Crown sur lequel j’ai passé des dizaines d’heures sur ma vieille PS3), j’ai porté un regard attentif (et envieux) à 13 Sentinels: Aegis Rim lors de sa sortie sur PS4 il y a un peu plus de deux ans. N’ayant pas la “dernière génération” de la console de Sony, je n’avais pu m’y essayer et étais resté béat devant les nombreuses captures d’écran et critiques dithyrambiques partagées ci et là - notamment ici-même, puisque le jeu avait été testé à l’époque par le brillant Hitman (test ici).

Ce dont j’avais pu me rendre compte alors - et ce que j’ai également constaté rapidement en me lançant dans l’aventure sur Switch -, c’est que le jeu de Vanillaware mettait en avant une histoire de science-fiction se rappelant aux bons souvenirs de nombreuses créations littéraires ou cinématographiques. Des œuvres cultes au premier rang desquelles figure La Guerre des mondes (The War of the Worlds), roman écrit par H.G. Wells à la fin du XIXe siècle dans lequel l’humanité se retrouve confrontée à une invasion extraterrestre, et notamment à des “tripodes” emblématiques clairement mentionnés et implantés dans 13 Sentinels: Aegis Rim.

Certaines références, notamment le célèbre roman de H.G. Wells, sont explicitement citées dans le jeu…

Voire même clairement intégrées au lore !

 

Le meilleur des deux mondes ?

Cette histoire SF aux nombreuses références (que je vous laisse découvrir par vous-même, mais sachez que si vous êtes adeptes du genre vous devriez y retrouver nombre de films, livres ou séries qui vous sont chers) nous est transmise de trois manières, correspondant en réalité aux trois modes de jeu proposés par Vanillaware avec 13 Sentinels: Aegis Rim : aventure, archives et batailles.

L’écran de sélection du mode de jeu (bataille, aventure ou archives), qui laissent déjà entrevoir le style graphique magnifique du titre.

 

L’aventure propose sans surprise de découvrir l’histoire du jeu à la manière d’un visual novel. On est alors loin des jeux d’action du studio, en revanche ce mode conserve totalement l’ADN graphique de Vanillaware avec une direction artistique 2D absolument merveilleuse (même si on change d’univers, j’y reviens plus bas). La “bataille” abandonne l’esthétique pour se consacrer au minimalisme du combat, avec un genre de jeu de stratégie/tactical en temps réel mettant aux prises nos 13 héros croisés précédemment avec des kaijus robotisés (comme les tripodes de la Guerre des mondes). Enfin, les archives reprennent des extraits débloqués en avançant dans l’histoire. A noter que pour progresser dans un mode, il faudra régulièrement avancer dans les autres.

 

Visual Novel vague

Soyons clairs (ce qui est loin d’être le cas du jeu, j’y reviendrai), le mode sur lequel vous allez passer le plus clair de votre temps sera le mode aventure. Et uniquement d’un point de vue esthétique, c’est tant mieux, tellement le travail fourni par Kamitani et ses équipes est prodigieux. La première chose qui frappe est le changement d’univers proposé avec 13 Sentinels: Aegis Rim. Oubliez le style fantasy des précédents jeux du studio, ici Vanillaware se frotte à la science fiction pure et dure, à la fois nippone ou occidentale, à base de fin du monde, de voyages dans le temps, de robots géants et de kaijus, avec tout ce que cela implique du point de vue artistique. Différentes époques dépeintes, paysages en feu ou en ruines, villes futuristes ou sous les bombes : les amateurs du genre ne seront pas dépaysés !

Comme dans un film…

 

Concrètement, l’aventure (du mode… aventure) se découvre en suivant treize trames, soit autant que le jeu compte de jeunes héros. Si tous ne sont pas accessibles dès le début de votre partie, c’est en choisissant l’un d’entre eux que vous ferez avancer l’histoire. C’est alors progressivement que vous la découvrirez, assimilant l’intrigue de manière éclatée, petit à petit, comme si vous deviez résoudre un immense puzzle d’un millier de pièces. Forcément, cela prendra du temps, les premiers pas pourront même paraître flous ou incompréhensibles, mais à mesure que vous débloquerez de nouvelles pistes avec les personnages, à mesure qu’ils (re)croiseront pour vous de précieux indices, le voile se lèvera et laissera apparaître un formidable récit à embranchements, passionnant à suivre… et à vivre !

 

Mots-clés en main (mais sans tactile)

Concrètement, vous évoluerez dans la peau de chacun des treize personnages dans un univers en 2D à défilement horizontal. Ces niveaux seront cloisonnés et pour avancer dans l’histoire il faudra interagir avec votre environnement - un peu à la manière d’un point and click (malheureusement ici, même si nous sommes sur le portage Switch, point de tactile à l’horizon). Exemple au tout début du jeu, vous vous trouvez dans une salle de classe et en vous baladant de gauche à droite, vous vous rendez compte que vous pouvez parler avec certains camarades, ce qui déclenche des dialogues, lesquels débloquent à leur tour des “mots-clés” permettant d’ouvrir de nouvelles boîtes de dialogue ou de nouvelles actions, etc.

Les mots-clés peuvent être consultés avec la touche X (le personnage bascule alors en mode “pensée”), ensuite soit vous les analysez “intérieurement” en faisant réfléchir le héros sur leur signification, soit vous avez l’opportunité, mais ce n’est pas systématique, d’enclencher la discussion avec un personnage tiers sur ce même mot-clé. C’est le cas sur l’image ci-dessous :

Comme pour tout bon jeu narratif qui se respecte, 13 Sentinels: Aegis Rim mettra le joueur - vous, donc - face à des choix. Emprunter telle ou telle direction, choisir d’interagir ou non avec les autres protagonistes… En sachant que certaines séquences de l’histoire de chaque perso devront être rejouées plusieurs fois pour être complétées totalement (sur une sorte de plan, vous pouvez suivre l’avancée de votre aventure avec ce personnage), que vous pourrez retourner dans toutes les scènes débloquées dans la partie “archives” dont je parlais plus haut et, enfin, que pour progresser il vous faudra parfois remplir certaines conditions…

Exemples de ces conditions : ouvrir X fichiers dans le “Codex” (sous-partie du mode “archives”, le Codex “donne des réponses aux mystères qui entourent les individus et les événements”, dixit le jeu), atteindre tel niveau de complétion de l’histoire pour tel personnage (chacun ayant un pourcentage d’avancement propre, de 0 à 100%) ou enfin valider un niveau précis d’affrontement (on parle de “vague”) dans le mode “bataille”.

Ici la condition à compléter pour déverrouiller la suite de l’histoire du personnage est d’ouvrir six fichiers du Codex.

Exemple de fichier du Codex : La Guerre des mondes ! Quand je vous disais que les références n’étaient pas (toutes) bien cachées dans ce jeu…

 

Un tactical bien senti(nelle)

Il est temps d’aborder la seconde face de la pièce qu’est 13 Sentinels: Aegis Rim : son mode Bataille, et par conséquent tout ce qui concerne le jeu de stratégie en temps réel. C’est d’ailleurs par ce mode que le joueur découvre le titre de Vanillaware, étant immédiatement lancé au cœur de l’action (sans trop savoir ni quand, ni pourquoi, ni comment, ni avec qui, etc.) en plein champ de bataille. Ce dernier ressemble d’ailleurs à tout sauf à ce qu’on pourrait imaginer en ayant vu les autres visuels du jeu, magnifiques fresques animées en 2D. Non, ici vous aurez davantage droit à une sorte de vision “radar” d’une ville vue du dessus, avec ses rues et bâtiments grossièrement modélisés en 3D, dans laquelle s’animeront avec une myriade d’effets visuels des combattants alliés et ennemis au design minimaliste et des tas d’informations techniques qui ne devraient pas effrayer les amateurs de tower defense.

L’écran de combat au tout début du jeu…

… et après quelques missions. Tout n’est pas toujours clair, même après de longues heures de pratique !

 

Car c’est effectivement de ce genre particulier qu’il sera question ici. Sans connaître les motivations des uns et des autres (vous l’apprendrez en poursuivant l’aventure ou via quelques cutscenes entre deux affrontements), vous devrez défendre votre base (le terminal, situé au milieu de la map) des assauts des nombreux et très différents assaillants (des kaijus robotiques de toutes sortes) à l’aide des compétences elles aussi variées et complémentaires de vos soldats : les fameuses 13 sentinelles mentionnées dès l’écran titre.

Concrètement, vous allez devoir, dans un temps imparti (avant que le terminal n’actionne une sorte de pouvoir spécial anéantissant toute menace), ou avant que vous perdiez un pilote de sentinelle, prendre le contrôle d’une unité et abattre vos ennemis avec les attaques disponibles (consommant des PE). Vous pouvez également vous déplacer sur la carte (en empruntant les routes ou par les airs, selon votre machine, j’y reviens plus bas), réparer votre sentinelle ou “passer votre tour” pour regagner des PE (également possible en éliminant des kaijus).

Trois actions “offensives” sont à disposition du pilote. L’écran montre une illustration de la frappe à droite, les détails des dégâts en bas à gauche, avec la puissance, le temps de recharge ou la durée de l’effet.

 

A noter que chaque action sera possible uniquement si la “barre de temps” du pilote (matérialisée sur son icône en haut à gauche de l’écran) est pleine : il faudra patienter qu’elle se recharge pour agir de nouveau avec ce perso, c’est une sorte de “cooldown”. En attendant, vous pourrez passer à une autre sentinelle. Enfin, durant le choix des actions (action, déplacement, réparation, etc.), le compte à rebours est mis en pause.

Après cette mise en bouche à la fois simplifiée des affrontements à venir et malgré tout un peu obscure tant les données à prendre en considération paraissent nombreuses, vous allez comprendre que pour mener à bien votre mission et remporter la partie face aux vagues de kaijus il faudra vous préparer. Pour cela vous allez d’abord devoir composer avec soin l’escouade de sentinelles qui participera au combat : six maximum, pas une de plus.

Pour relever le défi d’un mode Bataille de plus en plus dur au fur et à mesure de votre avancée dans les niveaux, il faudra vous préparer…

 

La guerre des générations

Si au départ vous choisirez ces six personnages un peu en fonction de vos affinités avec untel ou untel, vous découvrirez vite que chacun d’entre eux appartient à une catégorie particulière. En effet, les 13 sentinelles sont réparties selon quatre “générations” de machines, chacune ayant des aptitudes propres. Ainsi la Gen. 1 sera dédiée au combat rapproché (grosse résistance et puissant au “corps à corps”) quand la Gen. 3 privilégiera les affrontements à distance (armement à longue portée), la Gen. 4 sera composée de sentinelles volantes (plus mobiles mais plus fragiles, et à la puissance de frappe moindre) tandis que celles de la Gen. 2 seront plus versatiles pour parer à toute éventualité, avec notamment de l’équipement tiers comme des gardiens (leurre) ou des tourelles automatiques…

Il est temps de faire votre choix et de composer votre équipe de combat. Les sentinelles restantes demeureront en “défense”.

 

Bien entendu, le choix des générations dépendra du type d’ennemi affronté dans le niveau : celui-ci est bien souvent mentionné dans le mini-brief de mission, il s’agira donc d’opter pour la meilleure combinaison possible. Et, une fois la partie lancée, il ne sera pas rare que des dialogues apparaissent entre vos personnages, vous révélant de précieux conseils pour anéantir tel ou tel type de kaiju.

Durant les combats, il peut arriver que les dialogues entre les combattants et les autres pilotes donnent de précieux conseils… Soyez bien attentifs !

 

A noter également que pour les plus joueurs d’entre vous des objectifs “bonus” demanderont de remplir certaines conditions en plus de la victoire finale, comme intégrer à l’équipe un pilote de sentinelle particulier, choisir uniquement parmi certaines générations de machines ou même partir sur le champ de bataille avec un nombre précis d’unités ! En récompense, vous obtiendrez des fichiers à découvrir dans la partie Archives pour en apprendre davantage sur le lore.

Rassurez-vous, si le niveau de vos adversaires grimpera vite et qu’il deviendra rapidement délicat de leur faire mordre la poussière en fonçant tête baissée, vous aurez le loisir, entre deux fournées de kaijus, de renforcer vos sentinelles. Grâce aux “métacrédits” gagnés en combat, vous pourrez ainsi, au choix : améliorer le terminal et lui ajouter de nouvelles capacités spéciales pour soulager votre escouade (booster leur puissance, leur vitesse, lancer une vague d’énergie, réparer les unités ou le terminal, etc.), débloquer et upgrader de nouvelles attaques pour vos pilotes, ou encore faire monter les statistiques de leurs bécanes (nombre de PV, de PE, attaque, défense, etc.).

Avec l’amélioration de sa sentinelle, la personnalisation de l’arsenal du pilote (en achetant puis améliorant des armes avec des métacrédits) est une donnée à prendre absolument en considération pour envisager la victoire.

 

Dernière information concernant la partie Bataille, qui peut rebuter au départ comme je l’ai précédemment dit, mais qui avec le temps s’avère vraiment savoureuse : enchaîner les victoires et les vagues anéanties permet d’augmenter son multiplicateur de score et donc de gagner davantage de métacrédits. Le revers de la médaille est que les pilotes ne peuvent pas partir au combat plus de deux fois consécutives : ils souffriront de “cérébralysie” et ne pourront tout simplement pas être sélectionnés. La solution revient à “récupérer”, mais alors la série de victoires s’en trouvera elle aussi remise à zéro…

Avec de la patience et de la réflexion, mais aussi l’aide des vos 13 sentinelles, vous viendrez à bout de ce jeu de stratégie et des nombreux kaijus !

 

Parlons portage : Switch ou… nontch ?

Avant de conclure mon test, j’aimerais parler du portage Switch de 13 Sentinels: Aegis Rim, ayant notamment lu ci et là quelques interrogations sur la capacité de la machine hybride de Nintendo à gérer la technique du jeu, en particulier durant les phases d’affrontement. Au moment où j’écris ces lignes (soit à peu près aux deux tiers de mon avancée dans le jeu), je n’ai connu aucun problème lié à une baisse de framerate en combat, que ce soit en mode portable ou sur ma télé. L’adaptation me paraît en tout point semblable à ce que j’ai pu voir de la version PS4 (mais je ne suis pas allé jusqu’à comparer image par image), en tout cas, l’expérience me semble optimale. Mon seul regret concerne l’absence de fonctionnalité tactile en mode nomade, ce qui aurait pu ajouter une plus-value lors des batailles ou même dans l’aventure, mais cela n’enlève en rien à l’incroyable claque procurée par le titre de Vanillaware sur Switch.

Et c’est une victoire pour le portage Switch !

 

Mon avis

Amateur (mais pas spécialiste) des productions Vanillaware, j’avais suivi d’un regard intéressé l’arrivée sur PS4 de 13 Sentinels: Aegis Rim il y a deux ans, surtout après en avoir entendu les nombreuses critiques élogieuses, tant sur son aspect esthétique que sur ce qui semblait être une incroyable histoire SF à embranchements. Alors forcément quand l’occasion m’a été donnée de le tester sur Switch, plateforme que j’estimais idéale pour ce genre de jeu à la fois peu gourmand en ressources mais extrêmement chronophage, je n’ai pas hésité. Le résultat et mon avis sur ce portage ne souffrent aujourd’hui d’aucune contestation : le dernier né de George Kamitani et de ses équipes est une merveille. S’il peut à première vue rebuter par son avalanche d’informations tant scénaristiques que techniques, il ne laisse plus indifférent une fois les heures de jeu englouties. Malgré un système à deux têtes (d’un côté un visual novel sublime et diablement bien écrit et de l’autre un tactical en temps réel un peu fouilli mais qui devient grisant avec le temps), 13 Sentinels: Aegis Rim ne se perd pas en route. Il délivre une aventure passionnante, dont l’intrigue se découvre et se savoure petit à petit, récompensant la patience et la capacité de mémoire et de déduction du joueur, merveilleusement bien animée (DA, chara design fabuleux) et doublée (en japonais ou anglais, intégralement sous-titré “dynamiquement” en français !), pour le plus grand bonheur des amateurs de ce genre de jeux ou d’univers. Et y jouer sur Switch est un bonheur d’ergonomie de plus, même sans ajouts ou fonctionnalité spécifique à la plateforme de Nintendo, comme le tactile. Allez je vous laissez, j’ai encore quelques centaines de kaijus à dégommer !

Sans commentaire…

 

 

Verdict :

 

Nous remercions Koch Media qui nous a fourni une copie de review du jeu